samedi 16 avril 2011

Un palais en dentelle

J'étais probablement pressée de me laisser glisser à l'extrémité sud de la péninsule, peut-être pour partager avec vous le délire de couleurs du mausolée de Gandhi et le gigantisme du site de Kanyakumari et de ses monuments.

Mais je reviens avec délices un peu en arrière pour évoquer la halte précédente au palais de Padmanabhapuram. Pour simplifier on peut dire que Padmana est un équivalent  du dieu Vishnu, et que le suffixe "puram" ou "pur" signifie "la ville"; ceci explique sa présence à la fin de nombreux noms, comme Singapour, "la ville du lion".

Le palais en question abritait le roi de Travancore à l'époque où l'Inde était constituée d'une juxtaposition de royaumes rivaux; construit au XVI ème siècle, il fut agrandi au siècle suivant. Véritable dentelle de bois de teck posée sur des piliers de granit, il semble réunir les caractéristiques des architectures asiatiques continentales et de l'architecture indienne.


Son entrée offre d'emblée cette synthèse, mais c'est évidemment le balcon de bois qui attire tous les regards à la fois par son volume et sa légèreté.


Comme dans tous les lieux importants  on n'y pénètre qu'après avoir abandonné chaussures et sandales.
 Est-ce un souvenir de l'époque où seul le roi avait le droit de porter un parasol ou un parapluie et où ses sujets devaient rester torse nu, à moins de s'acquitter d'une taxe? Il paraît même que des fonctionnaires pénétraient dans les demeures pour relever... le tour de poitrine des femmes, qui servait de base de calcul à ladite taxe.




Pendant que ses envoyés sillonnaient le pays en quête de ces importants renseignements, le roi se prélassait dans un lit à baldaquin ou se balançait sur la "petite" balançoire ci-dessous.


L'intérieur du palais se déploie dans un labyrinthe de bâtiments qui m'évoquent plutôt le Japon vu par Kurosawa. La fonction royale permet au souverain de dominer la rue et d'en savourer le spectacle à l'insu de tous: c'est le rôle de ces fenêtres et de ces lattes qui filtrent en même temps la chaleur et la lumière.



Plus que tout, les décorations des plafonds en bois de tek ou de rose fascinent avec leurs caissons et leurs  fleurs de bananiers qui rappellent le fruit-roi de la région.




Après notre visite  des appartements privés situés dans la partie supérieure, nous abordons la partie basse qui comprend principalement une immense salle de danse et un temple soutenu par des piliers en granit.
Ceci explique l'obligation de visiter pieds nus. Le temple fut  construit pour la fête de dashara qui dure 10 jours et neuf nuits dans toute l'Inde; elle célèbre la déesse Kali.


Nous récupérons nos chaussures au milieu d'une foule colorée d'écoliers et d'écolières, 


et, probablement inspirés par les plafonds du palais, nous achetons des bananes au premier marchand voisin.








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