mardi 5 avril 2011

Kanyakumari, un confluent


En se laissant glisser vers le sud du Kérala, on arrive inéluctablement à la pointe extrême de la péninsule: Kanyakumari - cap Comorin pour les Européens. Un lieu sans intérêt en lui-même, malgré son sable prétendument multicolore, mais hautement symbolique puisque s'y rencontrent trois mers, l'Océan indien, la Mer arabique et le Golfe du Bengale.
Nous y étions un samedi après-midi et des centaines de personnes se pressaient au bord de la mer pour y admirer le coucher du soleil; familles flânant au milieu des marchands ambulants et des mendiants. Atmosphère de fête foraine.
A quelques dizaines de mètres de la plage, plongeant ses piliers dans la mer un bâtiment en béton ouvert sur les côtés et haut de trois étages auxquels on accède par une rampe intérieure: on pense à un parking d'aéroport, assez incongru ici. Eh bien non! c'est juste une tour permettant de profiter du coucher de soleil jusqu'à son dernier rayon.
Mais plus sérieusement il s'agit d'un lieu de pèlerinage fameux car il réunit des symboles importants qui prennent des formes architecturales surprenantes, comme la statue de ce poète tamoul du début de l'ère chrétienne, Tiru Walluwar.

Comme on le voit, il faut prendre un bac pour approcher ce mémorial, mais la foule est si nombreuse et nous avons tellement flâné que nous n'arrivons pas à temps pour prendre les billets et nous nous contentons d'admirer le colosse à distance.

Enfin, voici le monument le plus célèbre du lieu - le premier qui a reçu notre visite - découvrez-le maintenant!


Non, ce n'est pas un sucre d'orge ni l'entrée de la fête foraine: ce n'est rien moins que le mémorial de Gandhi où ses cendres ont reposé avant d'être immergées. Voyez plutôt quelques photos qui s'y trouvent autour de l'urne qui conserve encore une partie de ses cendres.





Pour terminer notre pèlerinage nous y visitons en fait le premier temple de notre périple: celui de Suchindram. Il est dédié à Kaniakumari , une jeune fille tombée amoureuse de Shiva, selon la légende.
Impossible de distinguer ce temple du XVIIème siècle, complètement encastré dans les bâtiments du marché local. 
Nous laissons nos chaussures à l'entrée et, ce qui est plus rare, les hommes  abandonnent aussi leurs chemises. Nous cheminons dans un dédale de couloirs au plafond bas posé sur des piliers de granit noir en forme de lampes à huile; nous arrivons dans le saint des saints où se trouve la statue du dieu et en file nous venons recevoir de la main du prêtre la bénédiction concrétisée par une marque rouge posée sur nos fronts. Les  lumières sont rares, la chaleur est oppressante et nous étouffons.
Quand notre guide pose un billet de cent roupies dans le plateau du prêtre, celui-ci l'empoche prestement!
Beaucoup d'entre nous sont soulagés de remonter à l'air et à la lumière. 
Cette première visite laisse une impression forte et peu agréable. Pour moi, je me sens confrontée pour la première fois à ce qui constituait - j'en suis persuadée - l'essence des cultes païens de l'antiquité, et plus particulièrement des cultes à mystères dans lesquels les initiés recevaient des enseignements secrets à travers des étapes éprouvantes. L'ambiance entretenue par les prêtres de Delphes interprétant les paroles inarticulées de la Pythie ressemblait à cela, j'en suis sûre.Tout concourt à confronter le fidèle à une dimension autre, à une force primitive et violente. Je pense au roman de Somoza La caverne des idées




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