jeudi 5 mai 2011

Le temple de Madurai






La visite du temple de Suchindram à Kanyakumari, encastré dans un marché,  sa chaleur étouffante et son obscurité pesante nous ont  laissé un certain malaise .
Mais celui de Madurai est à l'opposé: on l'aperçoit de très loin et peu à peu la silhouette entrevue se précise: non ce n'est pas une baraque de fête foraine! c'est une des multiples tours qui se dressent à l'entrée et dans l'enceinte de ce monument reconstruit au XVII ème siècle sur une superficie de six hectares.


Dès que l'on se trouve au pied de ce "gopuram", on est pris de vertige devant sa masse, et de tournis face à la profusion et à la vivacité des couleurs. Pendant un moment il est impossible de distinguer quoi que ce soit. Les ogives des voûtes gothiques nous aspirent vers le haut, mais ici la masse de l'ensemble associée à la multiplicité des figures nous cloue au sol.
Après un moment d'adaptation et en évitant de malencontreux torticolis, les différents étages apparaissent.
Au premier niveau diverses figures divines encadrées par des colonnes dont les chapiteaux  sont surmontés de fleurs de bananiers ; le granit rosit au soleil déclinant car c'est en fin d'après-midi que le temple s'anime.




Tout change  à partir du deuxième étage avec les peintures multicolores appliquées sur les figurines et les colonnes des temples miniatures. Ce sont d'abord les gardiens  qui, sous un auvent,  défendent l'entrée du temple symbolisé par  les deux colonnes  centrales. A l'étage du dessus deux figures du dieu Vishnu encadrent la porte.


Ensuite jusqu'au faîte une série de gardiens à l'allure dissuasive malgré leur sourire encadre la colonne centrale. On ne sait pas trop où poser le regard, mais on discerne quand même les  corps bi ou tricolores de certains personnages, probablement des divinités et la répétition infinie du motif du temple décliné sous tous les coloris les plus accrocheurs.


Enfin, le regard atteint le sommet en forme de toit arrondi surmonté des figures de dragons et d'animaux mythologiques: la Chine n'est pas si loin!. Avec le toit le vertige visuel s'apaise un peu.


Les couleurs éclatent sous le soleil car l'huile de ricin leur donne un aspect luisant. Pourtant elles doivent être appliquées tous les deux ans en raison des intempéries provoquées par la mousson. Je me demande combien  d'artisans doivent être mobilisés pendant combien de temps pour redonner tout son brillant à chaque détail .

Après  ce premier et imposant gopuram, c'est une suite de portiques et de galeries qui s'offre au visiteur . Le temple est lui-même une ville qui offre ses boutiques et attire en fin de journée, badauds, amoureux, familles et fidèles dans une foule animée et décontractée.

Ce temple est dédié à Parwati et à son époux,Shiva, la troisième divinité principale du panthéon hindou. Mais avant d'arriver au saint des saints qui renferme la statue de la déesse, nous rencontrons les statues des autres divinités qui sont aussi honorées et priées avec ferveur. Certaines disparaissent sous les fleurs, comme Vishnu.


La ferveur est palpable et s'exprime aussi par les dons que des troncs métalliques énormes et bien cadenassés recueillent: on en trouve un nombre impressionnant.

Ce dédale de galeries nous mène à une immense cour rectangulaire d'où l'on aperçoit plusieurs autres gopurams ainsi que le dôme recouvert de feuilles d'or qui surplombe le "Saint des saints", cette partie du temple recélant la statue de Parwati, épouse du dieu Shiva.

 Une longue file de fidèles attend d'y pénétrer, mais les non hindous n'y sont pas admis. Chaque soir  une cérémonie se déroule au cours de laquelle les prêtres transportent dans un palanquin fermé la statue de Shiva jusqu'au saint des saints où il rejoint son épouse; le temple est ensuite fermé.

Le dieu Shiva est réputé se déplacer à l'aide d'un taureau, animal qui est considéré comme son véhicule attitré; chaque temple de Shiva possède ainsi son taureau auquel on peut adresser une requête comme à son maître.


 Le mariage de Shiva et de Parwati donna naissance à l'enfant Ganesh, qui se trouva malheureusement affublé d'une tête d'éléphant à la suite d'une méprise. Le dieu Ganesh est réputé pour lever les obstacles grands et petits: il est donc extrêmement populaire.


Sa représentation se trouve dans tous les temples à travers des statues de tailles diverses. Dans le temple de Madurai on peut adresser une prière à Ganesh en versant sur une petite statue du dieu  de la cendre de bouse de vache:  la statue a totalement disparu sous cette épaisse couche .

C'est aussi pour honorer Ganesh que chaque temple possède son éléphant.

1 commentaire:

  1. C'est merveilleux et riche en renseignements utiles. On découvre de nombreuses choses qu'on ignorait.

    Merci pour ces magnifiques commentaires et comptes rendus fidèles, orignaux, et pleins de charme grâce à leur auteur.

    RépondreSupprimer